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Bilan des Rencontres 2017

mardi 30 mai 2017
Bilan des Rencontres 2017

Retour sur les Rencontres de l’Atelier Paysan organisées les 28, 29 et 30 avril en Drôme, avec la ferme des Volonteux (Beaumont-lès-Valence).

[ASSEMBLÉE GÉNÉRALE ANNUELLE]

Voici les rapports d’AG 2017 adoptés, avec notamment le rapport moral et le rapport d’orientation.

Nous avons accueilli 8 nouveaux sociétaires, ce qui porte la SCIC à 71 sociétaires :

  • Alice Gagnant, dans le collège salarié-e-s ;
  • Jonas Miara, dans le collège salarié-e-s ;
  • Anne Kerdranvat (38), dans le collège Paysans et fondateurs ;
  • Pierre Berthet (38), dans le collège Paysans et fondateurs ;
  • Le GAEC la Pensée Sauvage (74), dans le collège Paysans et fondateurs ;
  • La SCOP Les Volonteux (26), dans le collège Paysans et fondateurs ;
  • Baptiste Vasseur (56), dans le collège Paysans et fondateurs ;
  • L’association FARMING SOUL (84), dans le collège des partenaires.

[L’EXPOSITION DE NOS COMMUNS]

Avec 135 planches, détaillant les outils développés en groupe, les bâtiments explorées de fermes en fermes, les tenants et les aboutissants de la démarche autoconstruction, de souveraineté technique des paysans, l’exposition de l’Atelier Paysan s’est considérablement enrichie par rapport à la première version des Rencontres de Château.

http://www.latelierpaysan.org/Nos-expositions

[LA FÊTE À LA FERME DES VOLONTEUX]

[DES CHANTIERS DE CONSTRUCTION ET D’INITIATION]

Voici la Gazette des formateurs de l’Atelier

Jeudi, installation du chantier et inventaire de la ferraille pour le chantier triangle.
Vendredi après midi, début de découpe et d’assemblage pour avancer vu l’ampleur du chantier. Le but étant aussi de tester les connexions électriques.
Samedi matin, initiation des bénévoles volontaires et continuation du chantier. Samedi après midi, fabrication et adaptations des triangles avec des agriculteurs ou stagiaires confirmés (Robert Jan, Adrien Cochet, Yvan Garcin, Nono, Alan, Maël...) ou des anonymes compétents sensibles à la démarche, et dont le métal a été le métier.
Dimanche, même programme toute la journée.

> Initiation
Une foule avide de fondre de la baguette !

Les participants à l’initiation qu’animait Dominique ont aussi pu prolonger leur découverte dans le concret, en fabricant des triangles.

> Chantier triangle
Le chantier triangle incluait de l’initiation et de la mise en œuvre sur 17 outils dont 4 en triangle catégorie 0 pour micro-tracteur. Le dernier triangle à été installé le lundi matin.

> Construction d’un four à pain
Pour sa construction, il y aura eu grandement besoin de toutes les compétences réunis de Jean Philippe (son co-concepteur), Vincent, Joël et Dominique pour être finalisé. Cela avec le renfort d’une bonne quinzaine de personnes, dont les intéressées bien sûr. Le finish le dimanche soir à 22h, sous une bâche pour cause de pluie battante, restera dans la mémoire de certains.

> Construction d’une Barre Porte-Outils et d’éléments doigt bineur

> Charimaraîch
Les deux charimarai’ch ont mobilisé moins de monde, mais avec une très grande assiduité de quelques participantes. Le jeudi soir les deux chariots étaient presque finis. Sébastien (son co-concepteur), malgré des problèmes d’appro et le défi de transposer cet outil en version large, a supervisé cet atelier avec enthousiasme et persévérance.

Bilan Chantier
Les chantiers étaient sans doute trop ambitieux pour tout faire dans la sérénité. Heureusement que la météo était de la partie, ou nous aurions pu jouer à la belote...
Il aurait été aussi nécessaire de faire des démonstrations régulières d’attelage et dételage d’outils avec ou sans triangle, pour sensibiliser le public.

On aurait pu imaginer de faire une fournée de pain dans le four, si le chantier avait commencé deux jours avant. Ou de faire une course de charimarai’ch dans la cour pour l’éprouver et le tester...

[DES VISITES DE FERMES D’AUTOCONSTRUCTEURS]

6 visites de fermes étaient proposées, avec tout d’abord celle des Volonteux qui accueillait les Rencontres.

Le covoiturage a bien fonctionné pour aller voir les fermes d’autoconstructeurs aux alentours, maraîchers, viticulteurs, arboriculteurs...

  • la Ferme des Roussets (St Jean-en-Royans, 26)
  • la Ferme de Cyrille Fatoux, Le Temps des légumes (St-Hilaire-du-Rosier, 38)
  • la Ferme de Nicolas Koziel (Montoison, 26)
  • la Ferme Pilote de la Durette (Avignon, 84)
  • la Ferme de Yves et Zabou Bruyère (Saint Etienne de Valoux, 07)

[DES CONCERTS]

> Vendredi soir

  • Le Bœuf magistral autour de Fantazio, quand la simplicité du musicien rencontre la folie de l’artiste. Avec Renée Lacaille, Sarah Murcia et Gilles Coronado.

  • Balkan swing avec le Gyspy Sound System Orkestra

> Samedi soir

  • Combatucada

  • Jef, clown corniste des alpes

  • Eachcock Syndrom

  • DJ Narvalo

[6 CONFÉRENCES EN VIDÉOS]

Nous avions un très grand chapiteau de fête à notre disposition, bâché sur les côtés, histoire d’être protégés du vent froid encore piquant en cette fin d’avril. Cela n’a pas découragé le public, venu nombreux à chaque conférence, avec différentes postures d’écoute :

Ces conférences s’inscrivent dans le cadre d’une réflexion plus globale portée par le Pôle InPACT National autour de la Souveraineté technique des paysans, d’un Commun agricole et alimentaire.

Elles prolongent les réflexions entamées avec le plaidoyer InPACT pour une souveraineté technologique des paysans publié en novembre 2016 et le séminaire sur ces thématiques organisé à AgroParisTech le 5 avril 2017.

> Jean Philippe Valla : 100% autonome en énergie à la ferme ? Rêves, réalités, limites

Jean Philippe Valla est maraîcher éleveur dans le Trièves. Ancien prof de techno, il réfléchit constamment sur sa ferme à la fabrication et à l’utilisation optimale de l’énergie. Il est l’auteur d’un Guide sur le fonctionnement et la construction d’une petite installation Biogaz à la ferme.
Jean Philippe a pu exposer sa démarche de tâtonnement, de doute, de bricolage autour de solutions techniques lui permettant d’aller vers une autonomie énergétique. Il essaie chaque fois qu’il le peut de mettre en garde contre les solutions qui paraissent miraculeuses et faciles. S’il est évidemment en recherche de simplicité, il prévient ceux qui veulent aller vers l’autonomie qu’il sera nécessaire d’être dans l’effort, d’adopter une posture attentive, méticuleuse, scrupuleuse et critique.
Au final, chercher l’autonomie c’est aussi souvent se compliquer la vie, à l’inverse des prétentions de l’industrie des biens de consommation, qui vend confort et bonheur moderne à coup de slogan du type : « Rien, c’est la meilleure chose qui puisse vous arriver ». Si vous voulez creuser, regardez cette publicité pour une voiture automatique (http://www.culturepub.fr/videos/volkswagen-rien/).

> Pierre Bitoun : Le Sacrifice des paysans, une catastrophe sociale et anthropologique

Pierre Bitoun est coauteur avec Yves Dupond d’un livre revenant sur la disparition organisée de la paysannerie, d’une culture, d’un monde, qui ne correspondait pas aux visions géostratégiques, économiques et aux projets de gouvernement des individus mis en œuvre par l’Etat depuis l’après-guerre. Les paysans étaient incompatibles avec l’essor de l’industrie et des cultures de vie qui en découlent. L’agriculture paysanne devait se mettre en conformité, et pour cela être colonisée puis remplacée puis l’agro-industrie, le productivisme.
Face à cette dynamique implacable, Pierre Bitoun souligne les résistances portées notamment par la Confédération Paysanne. S’il salue les dynamiques actuelles d’installation de néo-ruraux, il en appelle à retrouver le sens collectif de la critique et donc à réinvestir les lieux de pouvoir, pour ne pas s’en tenir à des (r)évolutions personnelles et individuelles, mais à construire un changement collectif, qui passe aussi par les institutions.

>Yannick Ogor : La gestion par les normes, dernière étape de l’industrialisation de l’agriculture

Yannick Ogor est maraîcher éleveur dans le Finistère, ancien animateur de la Confédération Paysanne Bretagne. Il dénonce « l’aveuglement de la gauche paysanne » face à la stratégie des administrations pour faire disparaitre les agriculteurs au travers de techniques de gestion par les normes. Cet aveuglement est dû pour lui à la participation des syndicats alternatifs à la cogestion. Il constate que s’intégrer dans les institutions, accepter la co-gestion induit régulièrement un arrêt soudain des luttes. Il plaide alors pour retrouver de la conflictualité.
La gauche paysanne n’a pas su voir comment s’est organisée la transformation de l’agriculture en industrie de pointe, où les prix agricoles ont été maitrisés pour libérer le revenu des ménages au profit des industries de confort matériel. Seule une élite agricole, mécanisée, augmentant sa productivité a pu bénéficier de ce contexte. Puis les revenus agricoles sont devenus de moins en moins important face aux aides et subventions.
Aujourd’hui, ce sont les normes qui continuent le travail d’écrémage de la population agricole, normes d’abattage, calibrage, traçabilité… Aucune force sociale n’est aujourd’hui capable de contrecarrer cette inflation normative.

> Denis Gaboriau : Une comparaison entre 2 systèmes, "intensive-conventionnelle" / "autonome-économe"

Une comparaison chiffrée entre un système intensif en intrants et un système autonome et économe, qui permet de rentrer très concrètement dans ce qu’on décrit Pierre Bitoun et Yannick Ogor dans leurs conférences. On y voit que les logiques d’investissement ne sont pas les mêmes. Il s’agit d’un côté d’augmenter la productivité du travail, alors que de l’autre il s’agit d’améliorer la productivité à l’hectare. Cette analyse de la performance des systèmes et des aspects économiques permet de démonter les discours sur l’efficacité réelle des modèles capitalistiques dominants.

> Christophe Bonneuil et Céline Pessis : Industrialisation du vivant, déqualification et reconquêtes paysannes depuis 1900

L’industrialisation du vivant en agriculture date du XIXeme siècle, siècle positiviste, résolument confiant dans les techno-sciences et les promesses de maitrise qu’elles comportaient. On retrouve la première intervention de biologiste sur les levures de bières pour les standardiser et uniformiser les produits. Les deux historiens conférenciers nous lisent des citations de chercheurs de l’époque et l’on comprend mieux les mentalités et les valeurs de l’époque.
Le développement des colonies a également été moteur de premiers essais de mécanisation, dont les logiques seront ensuite rapatriées en métropole.
Face à ce mouvement, des organisations néoluddites tentent de développer une autre technique. C’est le mouvement de l’agriculture biologique avec son autre rapport au sol et au vivant. C’est le mouvement des semences paysannes, qui refuse la simplification et le contrôle génétique par les industries. C’est enfin l’Atelier Paysan et son travail sur la souveraineté technologique des paysans, qui permet de s’autonomiser en se réappropriant collectivement des savoirs autour de l’outil de travail des fermes.

> Jean Louis Cannelle : État des lieux et perspectives du matériel utilisé en énergie animale

Envisager le matériel en traction animale et la contribution de son histoire et de ses turpitudes à notre réflexion sur la souveraineté technologique des paysans, tel était l’objectif de cette intervention. En effet, l’avènement du tracteur a marqué un virage dans les économies globales de nos pays industrialisés, pas seulement dans le secteur agricole mais pour l’ensemble des secteurs. La recherche sur les machines à traction animale s’est arrêtée au moment où les premiers tracteurs sont apparus. Cette révolution a été conduite et financée par des choix politiques, pour une orientation sociétale.
Au regard des enjeux actuels de raréfaction des ressources et de l’intérêt de l’énergie animale et de la compétence associée pour une réponse au moins partielle à ces questions, il apparaît aujourd’hui nécessaire et possible de revenir sur ce qui relève d’un verrouillage technique progressif : Qu’en est il aujourd’hui des outils de traction animale ? Quelle est leur possible évolution ? Quels sont les possibles en terme de partage de technologies entre les paysans du monde ?

> Benjamin Coriat

La conférence sur les Communs de Benjamin Coriat n’a finalement pas pu avoir lieu. Elle a été remplacée par une présentation de l’Atelier Paysan par Fabrice Clerc, co-gérant de la structure.

[DES INVITÉS]

> Tiéole et le VAL
Le Valence Atelier Libreet l’association Tiéole étaient présent comme l’année dernière aux Rencontres de Château pour montrer leur travail autour de l’autonomie énergétique (éoliennes Piggott) et le bricolage.

> Entropie
L’association Entropie est venue avec un stand rempli de notices de construction d’objets, de mobiliers et d’appareils. Le temps lui a permis de cuire un gâteau au four solaire. Des ruches autoconstruite étaient présentées, comme la maquette d’une "tiny house".

> Le Mokiroule
La librairie ambulante le "Mokiroule" est venu installer son camion et proposer revues, livres et films sur les thématiques luttes, agriculture, écologie, techno-critique.

[MERCI À TOUS LES BÉNÉVOLES ET IMPLIQUÉS]

> Tout d’abord un grand merci à l’association Le Karnaval Humanitaire qui comme l’année dernière à Château a été très mobilisée, en amont des Rencontres, pour l’installation, le décor, le mobilier, l’accueil et cette année les repas.

> L’association Oxalis est revenue cette année donner un franc coup de main sur les repas et les a assuré avec le Karna.

> Merci à Ras La Koupole (RLK) pour les chapiteaux, le bar rond et la présence toute la semaine de préparation.

> Merci à tous les bénévoles (plus d’une cinquantaine) qui ont contribué à cette belle fête...