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Semoir pour sur-semis de prairie

Semoir pour sur-semis de prairie

Un groupe d’éleveur de Provence (autour de la Roque d’Anthéron, entre Vaucluse et Bouche du Rhône) a souhaité travailler sur la question d’un outil approprié pour réaliser du sur-semis de prairie dans des conditions climatiques sèches.

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Contexte et historique

En septembre 2015, les intéressés passent sur le stand de l’Atelier Paysan au Salon Tech &Bio, avec le GRAB Bio de Provence, et le projet de R&D participative est lancé !

L’objectif des éleveurs est de réaliser des sur-semis de prairies dans les conditions climatiques de Provence, à savoir en zone sèche, non irriguée.
La stratégie est de réaliser des sur-semis « opportunistes » de plantes annuelles (en fonction de la météo / saison, ce qui exige d’être prêt à sur-semer), sur un fond de plantes pluriannuelles.
A noter que l’encombrement de l’outil doit être limité en hauteur : car les producteurs veulent pouvoir l’utiliser pour du semis sous des oliviers (en tout cas, s’en approcher au maximum).

Une journée chez François Borel (éleveur) est organisée le 25 novembre 2015 pour faire un tour des parcelles et des outils déjà utilisés. Etienne, ingénieur formateur présente la démarche de l’Atelier Paysan qui peut accompagner en pareil cas des groupes de paysans pour concevoir ou faire évoluer du matériel en adéquation avec une problématique technique collective.

À cette journée, un groupe large se montre intéressé, mais seulement 4 paysans souhaitent s’impliquer plus assidument dans le développement d’un prototype. A la suite de cette réunion, des premiers échanges de mails autour de l’architecture de l’outil donnent lieu à des premiers dessins 3D de la part de L’Atelier Paysan.

Deuxième réunion le 15 février cette fois chez Philippe Peroni afin de discuter de points techniques précis soulevés à partir des premiers dessins et des premiers échanges. L’outil voit son architecture finale validée.


Présentation générale du semoir

Au niveau de la puissance de traction, un tracteur de 70 à 90 ch convient pour utiliser ce semoir. De plus, les densités de semis sont de l’ordre de 30 à 40 kg / ha ; le poids de la trémie est donc faible et ne nécessite pas une grosse puissance de relevage (poids à vide de l’outil sans la trémie : environ 800 kg).

L’écartement interrang est de 25 cm.

Le système de distribution a été acheté à part (semoir pneumatique électrique – trémie de capacité 120 L).


Principe de fonctionnement

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Le choix a été fait de positionner un disque ouvreur devant la dent pour éviter de foisonner (= déplacements latéraux des dents) et éviter ainsi que la graine ne ressorte.

Des chainettes à l’arrière permettent de recouvrir le sillon.


Caractéristiques techniques

Le chantier de prototypage a eu lieu les 12 13 et 14 avril 2016 à la Roque d’Anthéron. C’est l’occasion de décrire quelques caractéristiques techniques.

Le châssis

Il doit pouvoir être attelé à l’avant ou à l’arrière du tracteur : deux triangles d’attelage sont nécessaires.

Il accueille également le semoir pneumatique : celui-ci est disposé sur une plateforme centrale.


Les disques ouvreurs

Le choix a été fait d’utiliser des disques coutres ondulés de diamètre 430.

Les ondulations améliorent la pénétration dans le sol : cela permet en conséquence de diminuer le besoin de force verticale d’appui sur le semoir.

Ces disques sont disposés sur une poutre. Ils sont fixés grâce à des brides en tôle plié avec des boudins en élastomère.
Ce système donne une mobilité relative aux disques lorsqu’ils rencontrent un obstacle.

Pour permettre un réglage de l’angle d’attaque de tous les disques simultanément, la poutre support est pivotante : elle est montée sur un axe, et l’angle d’attaque se défini à l’aide d’un compas de réglage à l’extrémité de la poutre :


Les dents de travail

JPEG - 145.9 ko Le choix des dents de travail est fondamental : il s’agit de trouver une forme de soc qui facilité l’entrée dans le sol, tout en remuant un minimum de terre.

Le choix s’est porté sur des socs Aitchinson en T inversé.
Un tube à l’arrière des socs permet d’accueillir les cannelures du semoir pneumatique.

Les socs sont montés sur des dents double spire en carré de 25 mm, avec un dégagement 630 mm.


Les dents sont fixées à l’aide d’une bride spécialement conçue pour l’outil, permettant un réglage de la hauteur de dent :



Retours d’utilisation et pistes d’amélioration

Une visite durant l’hiver 2017 et quelques échanges téléphoniques durant l’été 2020 ont permis de mettre en évidence quelques pistes d’amélioration.

1) Du point de vue de la qualité du travail réalisé

En février 2017, observation d’un semis réalisé par Louis Coustabeau avec ce semoir, en automne 2016.

JPEG - 55 ko À noter : des zones moins densément peuplées, qui correspondent aux passages de roue du tracteur => création d’un léger enfoncement => dans ces zones, le semoir ne suit pas le sol.


Lors de cette visite en 2017, cela a été l’occasion de tester en direct ce semoir.

Dans une prairie tout d’abord, avec des résultats très satisfaisants :

Puis dans un maïs broyé :

JPEG - 173.8 ko Les disques coupent bien les tiges mais celles-ci s’accumulent devant la première rangée de dent, ce qui occasionne un bourrage.


JPEG - 113.8 ko Les deux rangées de dents ne semblent pas assez distantes.
Proposition d’amélioration : placer les dents en quinconce, en en positionnant une sur deux sur la poutre support des chaines.


2) D’un point de vue mécanique

Problème de décalage des bras de disques ouvreurs dans le sens transversal de l’outil pendant utilisation :

Les boudins de caoutchouc glissent latéralement petit à petit sur la poutre transverse, puis arrivent à quitter la bride, ce qui engendre un décalage des bras et donc des disques.

Les brides et support des disques peuvent être revues sur la base des semoirs viticoles :

  • Montage du disque sur une dent double spire avec une bride stabilisée :


  • Améliorer la pénétration des disques ouvreurs :

Elle peut tout d’abord être améliorée en augmentant l’agressivité des disques ouvreurs : en diminuant le diamètre des disques coutre à 320 mm, cela devrait améliorer la pénétration dans le sol en condition de terre dure.

Par ailleurs, disposer tous les disques sur une même poutre génère de la portance. Il faut alors envisager de disposer les modules (disque + dent) en quinconces. Cette amélioration a été réalisée par les producteurs.


  • Les brides de dents sont à revoir :

JPEG - 199.5 ko Elles sont trop hautes vis-à-vis du réglage en hauteur des socs. Il faudrait imaginer pouvoir descendre les dents de 5 à 10 cm de plus.
Les brides sont également trop faibles. Après les essais, on observe des déformations sur le tube supérieur.

Il est possible de s’inspirer également des brides de dent du semoir viticole pour améliorer le prototype :


  • Simplification des chaînes :

Les chaines actuelles remplissent globalement leur rôle par rapport aux contraintes de Louis et François mais elles se déportent sur le côté du sillon dans le cas d’une pente en travers. Ce phénomène semble lié à leur longueur.

De plus, les axes soudés sur les maillons ne semblent pas indispensables.
Propositions d’amélioration :

    • Retirer les axes soudés
    • Raccourcis les chaînes et remplacer leur point d’ancrage actuel par un point au plus proche du soc.

NB : La longueur des chaines joue dans la longueur de l’outil (elles ne doivent pas passer sous les roues du tracteur lorsque l’outil est positionné sur les bras de relevage avant). En fonction de ce qu’on observe du travail des chaines raccourcies, on pourrait à terme raccourcir le châssis grâce à cette modification.


  • Sensibilité à la planéité du terrain :

Dans l’essai de semis d’engrais vert sur butte, le semoir "surnage" sur la butte et n’ouvre pas de sillon au niveau des points bas.

Pour permettre un travail homogène, il faudrait que chaque dent soit dissociée, et puisse descendre grâce à un parallélogramme ou un levier-ressort. Ce serait une modification importante de la conception du semoir.


  • Roue de jauge :

JPEG - 172.2 ko Le réglage des roues de jauge qui ont été auto-construites, a été complexe à réaliser alors qu’il existe des modules tout faits et pas trop cher.

Dans les prochains modèles, il conviendra de remplacer cette roue de jauge par une roue de jauge du commerce.


  • Trucs et astuces :
  • Prévoir une petite échelle pour monter sur le semoir
  • Prévoir une petite plateforme pour poser les sacs de grain
  • intégrer l’œil de remorquage selon le modèle de François Borel


3) Conclusion et perspectives

A l’heure actuelle, l’outil donne globalement satisfaction aux éleveurs, mais ils ont apporté d’eux-mêmes certaines modifications.

La plus grosse modification encore à apporter serait d’opter pour des modules de semis individuels : chaque disque/dent pourrait alors suivre le profil du sol, indépendamment des voisines.

Cette réflexion est en cours, à l’automne 2020, et est à recontextualiser dans une réflexion plus vaste en cours à l’Atelier Paysan sur les outils consacrés à l’agriculture de conservation, en particluier les semoirs (à dents ou à disques).
Prochainement, une synthèse sur nos avancées avec les producteurs.


Partenariats

DOCUMENTS A TELECHARGER

Semoir pour semis-direct ( Cliquez ici pour télécharger le pdf)

SOUTIENS

Ces travaux bénéficient du soutien financier de l’Europe et du Réseau Rural National, par le biais de la Mobilisation Collective pour le Développement Rural coordonnée par l’Atelier Paysan sur "L’innovation par les Usages, un moteur pour l’agroécologie et les dynamiques rurales" (2015-2018), dont la FNCUMA, la FADEAR, l’InterAFOCG, AgroParisTech et le CIRAD sont partenaires. Leur contenu sera régulièrement mis à jour tout au long du projet.

Lien vers la page "nos partenaires" : http://www.latelierpaysan.org/Nos-partenaires

LICENCE LIBRE

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