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InPACT national

InPACT national

L’Atelier Paysan est membre de l’association nationale InPACT depuis 2016. Quelles sont les dynamiques communes en cours, on vous explique tout dans cet article...


 
 

Le pôle InPACT (Initiatives Pour une Agriculture Citoyenne et Territoriale) national est une plateforme associative composée de :

Des déclinaisons régionales ou plus locales d’InPACT associent parfois une diversité plus grande encore d’acteurs qui font des pas de côté en agriculture (Réseau des GAB, semences paysannes, ResOGM, etc...).

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L’ensemble de ces réseaux souhaite promouvoir une agroécologie paysanne et plus largement décider collectivement d’une souveraineté alimentaire des territoires. Ces réseaux proposent des alternatives concrètes aux agriculteurs sur leur ferme et aux consommateurs dans leurs choix d’alimentation et leurs liens au monde rural. Cela touche environ 50 000 agriculteurs et emploie 400 animateurs et chargés de missions.

> Un plaidoyer et un séminaire sur la Souveraineté technologique des paysans

Des salariés de l’Atelier Paysan, notamment sociétaires, ont participé en février 2016 à une formation InPACT dans les locaux de la Confédération Paysanne à Paris (Bagnolet) sur l’histoire du développement agricole et de la structuration des alternatives. Ce fut l’occasion d’entendre parler « d’évaluation des politiques publiques agricoles » et de faire le lien avec le besoin d’interroger la politique du Ministère de l’agriculture qui était en train de se mettre en place autour des agroéquipements.
Ce dernier était en train de présenter son plan « Agriculture Innovation 2025 », proposant d’allouer plus de 10 milliards d’euros à la recherche et l’innovation autour de la robotique, du numérique et des biotechnologies, histoire de créer une French Tech agricole.

L’Atelier Paysan a interpellé des députés d’alors (Michèle Bonneton, Dominique Pottier, Brigitte Allain notamment) pour ouvrir un rapport parlementaire sur le sujet. Sans succès. Dans le même temps, nous avons mobilisé le Pôle InPACT national pour rédiger un plaidoyer sur la souveraineté technologique des paysans, et apporter notre grain de sel aux petits plaisirs « disruptifs » du milieu agro-industriel.

Retenez ce mot : « Disruption » est le néologisme inventé pour décrire la nouvelle révolution industrielle dans laquelle nous nous trouverions et dont la « Silicon Valley » serait l’inspiratrice. Les nouvelles technologies en provenance des start-up des GAFA (Google, Amazon, Facebook, Apple) vont détruire « l’ancienne » économie, automatiser toujours plus de tâches et remplacer l’être humain dans de nombreux cas. Cette camelote technologique, avatar d’un nouveau saut productiviste, arrive en agriculture, pour au départ, « assister » les agriculteurs, aider à la décision, réduire « la pénibilité ». Bref, Big-data, robotique, numérique, automatisation et biotechnologies arrivent avec la bénédiction et les financements de l’Etat, sans aucun examen critique sérieux, ni sur le plan éthique, social, économique, écologique. A quoi tout cela sert réellement, qui cela sert réellement ?

A lire le dossier Alim’agri du Ministère de l’agriculture, exalté, sur la révolution numérique :
http://agriculture.gouv.fr/alimagri-la-revolution-numerique

Le Pôle InPACT se réapproprie ces questions politiques autour des choix techniques et technologiques en agriculture, en montrant que la Recherche et Développement, l’innovation portée par les Instituts publics et les entreprises ne relèvent pas, la plupart du temps, de l’intérêt général et d’une vision autonome et économe de l’agriculture. Quels outils de production sont aujourd’hui à la mesure des projets et des itinéraires agroécologiques des paysans ? Quels moyens sont affectés à la production de technologies appropriées ? Quelles alternatives existe-t-il à consommer les produits d’une industrie des agroéquipements dont le seul horizon est l’exportation ? Pourquoi l’État ne soutiendrait-il pas le réemploi, l’occasion, l’autoconstruction, la conception en collectif, tout ce qui relève de « l’économie de la fonctionnalité » ?

Se pencher sur la question de l’outil de travail des fermes soulève plus globalement le problème de l’endettement des agriculteurs. Pourquoi le modèle fiscal et comptable des fermes est tout orienté vers le surinvestissement ? Pourquoi subventionner à ce niveau le renouvellement des équipements des agriculteurs, poussant toujours plus loin la logique de l’endettement. A quel conseil technique les agriculteurs ont-ils accès ? Qui pose aujourd’hui la question du genre et de la machine, notamment l’adaptation des outils agricoles aux femmes ?

Voilà ce que le plaidoyer d’InPACT cherche à comprendre et souvent à dénoncer, car l’outil de travail des fermes, longtemps resté un impensé, est un levier majeur dans la transformation des agricultures. Or nous ne ferons pas d’agroécologie paysanne, nous n’irons pas vers l’autonomie avec les machines, les bâtiments et les équipements disponibles aujourd’hui à l’achat. Si nos organisations d’économie sociale et solidaire inventent d’autres manières de vivre et d’exercer le métier de paysan, elles doivent aussi interpeller l’État, dans son rôle de grand orchestre (et financeur) des transformations de l’agriculture.

Il s’agit donc pour les paysans de retrouver de la souveraineté, de la capacité de choix et de protection par rapport aux propositions qui viennent en tir groupé des acteurs historiques de l’industrialisation de l’agriculture (Instituts de recherche, Instituts techniques, développement agricole, industriels), et qui visent toutes l’agriculture totale ou la smart agriculture. Une agriculture dont le rêve est de se débarrasser de tout déterminisme naturel ou humain, avec l’aide de la technologie (calcul et automation).

Le plaidoyer a été publié en novembre 2016 sur une page dédiée :
http://www.latelierpaysan.org/Pour-une-souverainete-technologique-des-paysans

Un séminaire a été organisé le 5 avril 2017 à AgroParisTech pour poursuivre la réfléxion : http://www.latelierpaysan.org/Seminaire-INPACT-AgroparisTech