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Le triangle d’attelage

Le triangle d’attelage

L’attelage par triangle remplace avantageusement le système 3 points classique. L’agriculteur attelle son outil en quelques secondes, tout en restant sur son poste de conduite. C’est un gain de temps, de sécurité et d’ergonomie. Voici tout ce que vous devez savoir sur le triangle d’attelage, son fonctionnement, son autoconstruction, son adaptation sur votre système d’attelage actuel.

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FONCTIONNEMENT ET AVANTAGES

Un triangle mâle est fixé sur les trois points du tracteur et n’en bouge plus. Chaque outil du parc matériel doit ensuite être équipé d’un triangle femelle. L’emboitement entre les deux, conjugué au blocage du loquet du triangle mâle sur le triangle femelle, permet un attelage sûr, sans risque de décrochage. Pour le dételage, une poignée reliée à une corde permet de déverrouiller le loquet depuis le poste de pilotage.

Témoignage de Pascal Pigneret et contexte du calcul

Contexte du Biau Jardin de Grannod

La ferme :
14 hectares au total dont

  • Maraîchage diversifié sur petite surface : moins d’ 1,5 ha de carrés de légumes en rotation avec plus de 2 ha d’engrais verts sur 4,5 ha drainés et arrosés ; parcelle avec 1 ha de chemins d’accès et de manœuvre, fossés, arbres, bosquets, haies,
  • Prairie permanente de 9 ha, entretenue par nous avec foin 6 ha en entreprise et 3 ha prairie humide.

Le matériel :

  • Un seul tracteur actif sur la ferme (ni fourgon ni voiture ne rentrent au jardin), parc matériel attelable de plus de 30 outils, (la valeur de nombre d’entre eux étant clairement inférieure au coût de l’achat et de la mise en place du triangle dessus…) dont de nombreux outils de binage spécifiques et autres petits « gadgets » pour se faciliter la vie paysanne. Par choix ergonomique et de vie en mixité, toutes les manutentions de récolte sont assurées avec un mât hydraulique lève palette (donc attelable 1 à 3 fois par semaine minimum selon la saison).

Méthode de l’enregistrement des données :
Le but était de connaître précisément l’usage réel fait de chaque matériel, et d’en tirer des leçons. Un enregistrement exhaustif des temps d’utilisation de chaque outil a été mené depuis 2009, sur le carnet annuel du jardin qui est toujours dans le gilet du Biau jardinier, suivi d’une saisie sur tableur Libre Office. Il a été réalisé à partir du compteur d’heures électronique du tracteur : il ne s’agit donc pas exactement de temps solaire réel. De plus, les temps où l’outil est attelé mais ne travaille pas sont donc aussi comptés dès que le moteur du tracteur tourne. Néanmoins, ces légères imprécisions ne sont pas gênantes dans le contexte.

Résultats sur les années 2009 à 2014 :
Je n’avais pas prévu de comptage informatique du nombre d’utilisations donc d’attelage de chaque outil, et n’ai pas pris le temps de le faire à la main ; ça ne serait pas bien long mais ça ne correspondait pas à notre besoin du moment. Pour les heures d’utilisation de chaque matériel, j’ai pu constater que celui qui fait le plus d’heures dans l’année est le mât lève-palette, vient ensuite le broyeur. On a vraiment beaucoup appris de ce petit travail : ça n’était pas du temps perdu.
Ces résultats sont la moyenne de 6 années consécutives d’enregistrements. Nous étions bien sûr déjà en planches permanentes, mais les outils construits en stage sont entrés en cours de route. Le tracteur fait environ 340 à 370 heures par an, avec environ 320 à 370 changements d’outil par an. Une estimation moyenne de 6 minutes (après discussion avec quelques collègues, cela semble sage) pour dételer un outil à pitons puis en atteler un autre à pitons donne environ 35 heures pour ce seul poste. La révision approfondie fin 2015 pour remise en « service systématique » du vieux Massey avec le mât lève-palette (voire d’une bennette « diabolique » à créer) modifiera évidemment ces chiffres. On refera peut-être ce suivi dans quelque temps : la mise au point d’un système électronique d’enregistrement bien plus vaste est « en cours ». Il sera donc intéressant de recommencer ce travail quand ces moyens modernes bientôt disponibles seront maîtrisés...

Conclusion :
Il serait vraiment déraisonnable de déduire de notre seul cas précis que passer tous ses matériels au triangle automatique apporte systématiquement une potentielle semaine de congés supplémentaire !
Il serait tout aussi déraisonnable de ne pas passer tout son parc de matériel en triangle ! D’ailleurs, l’atelier paysan propose d’animer des chantiers collectifs pour faciliter le passage à l’acte...

Pascal Pigneret

FAQ

Le 3ème point hydraulique est-il nécessaire pour l’utilisation du triangle d’attelage ?

Non, le 3ème point hydraulique n’est pas indispensable pour l’utilisation du triangle d’attelage. Toutefois, le système d’attelage par triangle est beaucoup plus pertinent lorsque le tracteur est équipé d’un troisième point hydraulique. En effet, lors de l’attelage/dételage, il peut être nécessaire de régler l’inclinaison du triangle mâle car les outils ne sont pas tous à la même hauteur. Pour cela, il sera donc souvent nécessaire de changer la longueur du 3ème point.

Donc le triangle d’attelage permet déjà un gain d’ergonomie et de temps lors de l’attelage des outils avec un 3ème point à visser car il n’est plus nécessaire de soulever l’outil, aligner les broches d’attelage, centrer l’outil, etc.

Mais sans le 3ème point hydraulique, il reste donc nécessaire de descendre du tracteur et de manipuler à la main des éléments du tracteur pour pouvoir régler régler la longueur du 3ème point à vis. Faire cette opération à la main réduit les avantages du système.

C’est donc avec un 3ème point équipé d’un vérin hydraulique que le triangle d’attelage révèle son tout son potentiel. Il n’est alors plus nécessaire de descendre du tracteur ni pas se positionner entre le tracteur et l’outil pour atteler/dételer l’outil : le gain d’ergonomie et de temps est alors réellement conséquent, permettant d’agir avec efficacité et sécurité.

Faut-il disquer mes outils pour les convertir au triangle d’attelage ?

Il est possible de convertir quelques outils sans coup de disqueuse, en fixant un triangle femelle sur les trois points de l’outil. Cela permet de se faire une idée sur le système tout en conservant des outils "revendables".
Cependant, le déport rajouté par cette opération entraîne des efforts supplémentaires sur l’attelage et peut nécessiter un ajout de poids à l’avant du tracteur. Cela n’est donc pas recommandé sur des outils lourds, de travail du sol ni sur des outils animés avec prise de force.
Voir le document "Précautions et conseils d’installation version longue" pour plus d’informations.

CONVERTIR SON PARC MATÉRIEL

Il n’est pas facile de se décider à changer de mode d’accrochage car il est alors nécessaire d’adapter la totalité de son parc d’outils. Mais le jeu en vaut la chandelle : les économies en matière de temps peuvent atteindre plusieurs jours en cumulé sur une année, sans parler d’influx nerveux ou de fatigue, de santé et de sécurité des utilisateurs. Des systèmes complets existent déjà dans le commerce, mais l’autoconstruction rend ce système encore plus abordable. Il est possible de s’organiser en préparant à l’avance toutes les pièces sur plusieurs semaines, “à temps perdu”, puis, lorsque tout est prêt, convertir tous ses outils. Il faut compter une demi-journée voire une journée pour convertir un outil selon l’expérience que l’on a. Certaines soudures sont délicates en raison de la faible épaisseur de certaines pièces et de l’obligation de souder dans des positions compliquées (à l’envers ou en montant). La robustesse de cette pièce ne peut pas être négligée s’agissant de la liaison entre le tracteur et l’outil.

 
Quelques images d’un chantier de conversion d’un parc d’outils au triangle d’attelage, durant l’été 2015, à Moirans (38) :

Conversion d'un parc d'outils au triangle d'attelage

PLUSIEURS FAÇONS DE S’ÉQUIPER

1. Débrouillez-vous pour adapter vos outils !

> Les plans de construction sont disponibles en libre et gratuitement dans "Documents à télécharger"
> Vous pouvez vous inspirer de notre banque de photos d’outils convertis au triangle d’attelage
> Consultez également ce mémo de 45 pages sur toutes les questions et astuces de montage des triangles sur des outils agricoles
> Commandez une partie des pièces chez votre chaudronnier grâce à nos plans (version PDF et DXF) et... réalisez le reste vous-mêmes !

2. Sollicitez un chantier triangle sur votre ferme

L’Atelier Paysan vous propose une formation sur votre ferme et vous accompagne dans la conversion de votre parc matériel au triangle d’attelage. Un moment collectif pour lequel il vous faudra trouver des bras !
> Témoignage d’un bénéficiaire sympathique : blog du biaujardinier
> Récit d’un chantier triangle sur une ferme en Savoie
> Commander un "Chantier triangle"

3. Des commandes [re]groupées bimensuelles de triangles manufacturés

> Tout savoir et passer commande

MÉDIAS


 


Une superbe vidéo réalisée par les stagiaires du BPREA de Courcelles-Chaussy, qui ont relevé le challenge de convertir eux-même une partie du parc matériel du Lycée (EPLEA METZ Courcelles-Chaussy). Faites le vous même !

 

  • Cliquez ici pour accéder à une galerie photos des montages de triangle. Vous y trouverez de nombreux exemples sur la manière de souder le triangle femelle sur vos outils.
  • Retrouvez le sujet concernant le triangle sur le forum.

 

TUTORIEL VIDÉO

 

Documents à télécharger

Faire tout soi-même ou en partie :

Plus d’infos :

LICENCE LIBRE

L’ensemble de cet article, des explications, des photos et des plans livrés sont accessibles à tous. Ils sont diffusables et modifiables à condition que vous mentionniez la paternité de l’œuvre (L’Atelier Paysan), et que vous apposiez sur tout document reprenant ces éléments la même licence utilisée par nos soins, à savoir la Creative Commons BY NC SA.

Les plus

Gagner du temps
Plus nécessaire de descendre du tracteur

Gagner en confort
Plus nécessaire d’ajuster la position de l’outil à la main, de s’énerver sur ses bras de relevage et se plier en deux

Gagner en sécurité
Plus de risque de se faire coincer entre l’outil et le tracteur

Gagner en capacité d’intervention
Plus de calculs avant d’enfourcher l’outil adéquat pour profiter d’une fenêtre météo propice