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Canne à semer

Canne à semer

Prototypé pour la première fois en 2020, cet outil est initialement destiné à faciliter les semis de lentille à Cilaos (île de La Réunion), en conditions de sols exigeants.


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Contexte et historique

L’Atelier Paysan s’est rendu sur l’île de la réunion, dans la région de Cilaos, du 29 avril au 10 mai 2019, sur sollicitation de l’APLC (Association des Producteurs de Lentilles de Cilaos) et de l’Arméflhor.
L’APLC, association crée en 1993, assure un suivi technique et promeut la distribution et la vente des lentilles de Cilaos. La plupart des producteurs en sont membres.

En termes de chiffres, l’APLC compte 126 adhérents sur 110 ha, ce qui représente environ 80 tonnes de lentille/an (rendement 800 à 900Kg/ha).

La lentille est cultivée à Cilaos depuis le 19ième siècle. La production est vendue exclusivement sur l’île, notamment aux touristes. Cette production spécifique de Cilaos est fortement appréciée et insuffisante pour répondre à la demande. Un processus d’IGP est en cours.

Les conditions de culture sont difficiles

Les terrains sont très accidentés (pente fréquentes de plus de 100%) avec présence de pierres de toutes tailles.

Les sols sont peu profonds, volcaniques plutôt limoneux-sableux.

Les techniques de semis peuvent être éprouvantes

- Semis au fer :
Beaucoup de semis sont réalisés de manière traditionnelle en poquet à la main avec l’outil traditionnel, une petite lame avec manche en bois (le « fer » ou la « gratte ») et la poche du semeur. Les semis ne sont pas réalisés en ligne mais de manière aléatoire avec environ 20 cm entre poquets et de 2 à 5 cm de profondeur selon les habitudes. La densité de semis est d’environ 50 à 80 kg/ha.
Cette technique est considérée la meilleure par nombre de paysans pour les rendements mais des essais au semoir en ligne ont aussi montré le contraire. En poquet, 7 à 8 graines sont nécessaires mais avec le semis à la main cette quantité peut être aléatoire avec quelquefois plus de 20 graines par poquet.
Cette technique de semis au fer est la seule utilisable actuellement dans les fortes pentes et les terres peu dépierrées soit une grande partie des terres disponibles à ce jour.

- Semis au semoir manuel mono-rang :
L’utilisation des semoirs manuels ne concerne que peu de paysans qui travaillent sur des pentes moins critiques et des terrains plus épierrés.
Dans ce cas, 1 graine est semée toutes les 2 cm à environ 3 cm de profondeur (problème des oiseaux), avec 22 cm entre rang en moyenne. Soit une densité de semis inférieure à 50kg/ha (pour réf. 100-110 Kg/ha en métropole).
Le semoir manuel le plus utilisé, vendu localement, est un Earthway, communément appelé le « sème-tout » ; léger (environ 3 Kg) en aluminium et plastique, y compris le soc qui s’use très vite (de 180 à 220 €TTC chez Gamm vert à la Réunion). Pas de disque distributeur vraiment adapté. Ce semoir est jugé globalement peu précis et fragile.
D’autres semoirs manuels mono-rang sont également utilisés dont le semoir Terra-donis jugé plus performant mais également trop fragile et assez cher.
A noter, un semoir auto-construit ingénieux, fait de pièces de récupération (semoir de Pierre Paul Gonthier).
Quelques expériences avec des semoirs Ebra en manuel, meilleurs, plus précis mais trop lourds pour une utilisation dans les pentes, il faut souvent être deux pour l’utiliser (un qui pousse, l’autre qui tire…)
Un agriculteur a fait plusieurs essais avec des semoirs Ebra sur un porte outil pour tracteur ou trainés par une motobineuse avec peu de réussite.

- L’expérience Monosem :
Il y a plusieurs années, l’APLC a testé un semoir de précision Monosem tracté par tracteur à chenille. Cet équipement devait être utilisé en prestation pour les adhérents. Malgré de très bons résultats en terme de qualité des semis et de rendements (1 graine tous les 2 cm et 22cm entre lignes, semis à 30kg/ha contre 50 à 80kg à la main) cette initiative s’est heurtée à des problèmes d’organisation, de qualification des chauffeurs, de difficultés à déplacer le tracteur à chenille d’un champs à l’autre, de manque de terrains vraiment adaptés du fait des pentes ou de la présence des pierres. L’ensemble a été revendu.

Au final, des besoins en outils de semis ont émergés :

  • un semoir manuel adapté : voir page outil dédiée.
  • une demande est également formulée pour une canne à semer :
    celle-ci, pas utilisée et même inconnue à Cilaos suscite beaucoup de curiosité et d’intérêt en tant qu’alternative significative à la méthode au « fer », dans les fortes pentes ou terrains empierrés inaccessibles au semoir. C’est d’abord l’ergonomie du travail mais aussi la précision du nombre de graines semées par poquet qui ont été recherchés.

Présentation générale de la canne à semer


Caractéristiques techniques et fonctionnement

Cet outil permet de pénétrer le sol à la profondeur de semis, de distribuer le nombre de graines souhaitées et de déposer ces graines dans le sol, en un seul geste.
Ce geste consiste en un mouvement alternatif de la main droite ou gauche sur le manche mobile.

La canne permet des semis de 7 à 8 graines de lentilles par poquet, à 2 à 3 cm de profondeur.


Pistes d’amélioration

Le poids de cet outil, 5 kg, est significatif tout en restant acceptable dans le
cadre des essais du prototype. Le passage des bras et poignées en aluminium associé à quelques autres évolutions devrait permettre de le réduire à 3 kg.


Interlocuteurs principaux

Ilan CREQUER - Ingénieur mécanique, soutien à la R&D
i.crequer@latelierpaysan.org
04.76.65.85.98

Documents à télécharger

SOUTIENS

Ces travaux bénéficient du soutien financier de l’Europe et du Réseau Rural National, par le biais de la Mobilisation Collective pour le Développement Rural coordonnée par l’Atelier Paysan sur "L’innovation par les UsageR·E·s, un moteur pour l’agroécologie et les dynamiques rurales" (2018-2021)

LICENCE LIBRE

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