Cette petite récolteuse de PPAM est automotrice et polyvalente. Elle est le résultat d’un travail de R&D participative, et s’inspire notamment d’un premier prototype développé en autonomie au Prieuré de Marcevol entre 2015 et 2018.
La machine est en développement. Un prototype a été construit en début d’été 2021. Suite aux premiers retours d’utilisation (sur sariette et romarin), il a été modifié lors de l’hiver 21-22. La deuxième version a pu être à nouveau testée sur les récoltes (thym et sariette) à l’été 2022. Cette page de présentation a vocation à fournir une présentation qui sera abondée au fur et à mesure des essais de terrain, des modifications et autres affinages. Si le sujet vous intéresse, n’hésitez pas à nous contacter directement !
Contexte et historique
La mécanisation de la récolte de PPAM pour des petits producteurs est un sujet qui revenait très souvent dans les sollicitations adressées à L’Atelier Paysan. Mais il a fallu du temps pour formaliser une demande, trouver des moyens, et voir émerger un groupe de producteurs moteurs dans la conception pour arriver à un premier prototype en début d’été 2021.
Deux principales sources d’inspiration ont animé le groupe :
Repérée en 2018 à l’occasion d’une TRIP, la récolteuse du Prieuré de Marcevol (66) a été conçue par le chef de culture d’alors, Joaquim Cabrol, en utilisant un taille haie et une souffleuse à feuille. Une deuxième visite au printemps 2020, a permis d’aller plus loin : mener une analyse fonctionnelle plus poussée, prendre des côtes, tester quelques modifications sur les déflecteurs à l’avant pour relever les plantes et observer le travail de la machine sur du thym.
Les plantes récoltées sont utilisées pour produire de l’huile essentielle (thyms, romarin et immortelles notamment). Elles sont collectées en vrac. La coupe est réalisée par un taille-haie thermique. Un souffleur est placé au-dessus de la lame de coupe pour évacuer les plantes une fois coupées dans le « panier » de la machine. Dans la pratique, l’aide d’une deuxième personne est indispensable pour aider à désengorger avec un râteau au niveau de la barre de coupe, dans une posture peu ergonomique.
Si la machine donne globalement satisfaction, elle présente cependant quelques défauts, notamment :
les petites roues avant compliquent le passage des obstacles
la machine a tendance à planter, encore plus avec le déflecteur.
la machine est tirée - et donc aussi soulevée - par une personne enjambant le rang.
la machine nécessite au moins deux (voire 3) personnes dans des positions de travail non ergonomiques, notamment pour l’évacuation de la matière coupée,
le réglage de la hauteur de coupe se fait à l’avant simplement. Cela génère un léger changement de l’orientation du taille-haie, ce qui impacte la coupe.
Une autre visite a lieu en juillet 2020 à Forcalquier (04) avec des producteurs des Alpes de Haute-Provence, le CRIEPPAM et Agribio 04, autour d’une machine co-réalisée par le CRIEPPAM et le Lycée de Manosque.
Cette petite machine était dédiée à la récolte des essais culturaux du CRIEPPAM.
L’outil pèse environ 40 kg, et il faut être deux pour la faire fonctionner (une personne doit aider au remplissage pendant que l’autre pousse).
La coupe est assurée par un taille-haie électrique scindé en deux parties :
La commande ① est fixée à la barre de poussée
Le moteur et la lame ② sont fixés à l’entrée du bac de récolte.
Si la machine donne globalement satisfaction, elle présente cependant quelques défauts, dont notamment :
Le réglage de la hauteur de coupe se fait en coulissant le châssis dans 4 tubes carrés menant aux roues. Ce n’est pas aisé et une position de travail peu ergonomique, il faut au moins être deux et l’horizontalité n’est pas facile à régler.
Il faut être deux - une personne pour pousser la machine, une pour guider les plantes sur la lame de coupe.
Évacuation de la récolte encore non fonctionnelle.
Le cahier des charges pour une nouvelle version de récolteuse
L’Atelier Paysan et Agribio04 ont ensuite animé un travail de rédaction de cahier des charges avec des producteurs du 04 mais également du 66, du 39 et du 34, dont voici les principales lignes directrices :
Polyvalence vis-à-vis du type de plantes récoltées et des conduites culturales
La machine doit pouvoir s’adapter à des plantes fraiches de type mélisse, menthe, tout comme des plantes plus ligneuses comme thym, hélichryse, etc…
Elle doit permettre l’utilisation en planche comme en rang.
Les largeurs de cultures n’étant pas identiques pour tout le monde, la largeur la plus contraignante (la moins large) a été choisie pour un un dimensionnement « initial ». La largeur pourra ensuite être adaptée selon les dimensions de la production agricole.
La hauteur de coupe doit pouvoir se régler précisément et facilement pour permettre la coupe de plantes de 5 cm à 50 cm du sol.
Par ailleurs, le port des plantes variant selon les types de plantes, il faut donc guider correctement les plants pour la coupe. La machine doit permettre la récolte de plants conduits en boule ainsi que de plants conduits plus à plats (comme les plantes fraiches par exemple).
Précision et simplicité des réglages
Il a été stipulé un besoin impérieux de précision quant à la hauteur de coupe, sur toute la plage de réglage.
D’autre part, l’outil est destiné à être utilisé potentiellement sur plusieurs cultures dans une journée. Certaines personnes souhaitent même avoir la possibilité de régler la hauteur de coupe en temps réel. Le besoin de réglages simples est donc apparu rapidement.
De plus, il pourra être utilisé par une personne seule : il est donc également essentiel de limiter les manipulations importantes tant sur le plan fonctionnel que sur le plan des besoins en outillage.
Guidage des plantes, qualité de coupe et facilité de remplissage
Pour faciliter le guidage des plantes sur la lame de coupe de la machine sans mobiliser une personne supplémentaire travaillant dans des postures peu ergonomique, il a été décidé d’étudier l’utilisation d’un rabatteur au-dessus de la lame de coupe.
La qualité de coupe tient également à la nature et à la configuration de la lame de coupe utilisée.
L’évacuation des plantes coupées doit aussi être aisée : à la fois pour empêcher le bourrage, garantir la qualité de la coupe et simplifier la récolte.
Capacité d’utilisation en terrain accidenté
Les plantes sont conduites dans des terrains plus ou moins accidentés. En particulier, la question du franchissement d’obstacle (cailloux, mottes de terre) a imposé le choix de roues de diamètre suffisant pour s’adapter à toutes les situations.
Ergonomie et confort de travail
Point central de la réflexion sur l’outil, qui recouvre plusieurs aspects du travail. Tout d’abord, l’outil doit être manipulable et déplaçable aisément malgré son poids, éventuellement dans des pentes, au champ ou entre deux parcelles.
La posture du conducteur doit aussi être confortable (limiter l’enjambement du rang, limiter le bruit des moteurs thermiques).
Pour ces raisons, un gros travail a été mené collectivement sur une motorisation électrique, le choix du matériel, le dimensionnement, et l’articulation globale de cette motorisation avec les autres éléments entrainés (rabatteur, tapis).
Pour une simplicité d’usage, un souci permanent a également été porté à la limitation de l’encombrement de l’outil.
La première récolteuse a été configurée avec une voie de 900 mm et un empattement AV/AR de 1800 mm. La largeur de la zone de coupe est de 65 cm.
Il est envisagé d’en faire une version adaptée aux planches permanentes avec une voie de 1400 mm pour une planche de largeur 1200 mm.
Le choix s’est porté sur un châssis dont la hauteur ne varie pas par rapport au sol.
La hauteur du châssis est un point sensible de la conception : il doit être assez haut pour être facilement utilisable sur des terrains inégaux (la 1ère conception à 15 cm du sol a donc été abandonnée). Le bas du châssis est finalement positionné à 60 cm du sol pour ne pas limiter la plage de réglage de coupe.
De plus, dans le chemin de coupe, il ne doit pas y avoir de barre traversant le rang et "cassant" les plantes hautes.
Le choix des profilés résulte d’un compromis entre la recherche d’un poids minimal et d’une solidité suffisante. L’essentiel du châssis est donc composé de tubes carrés de 30x2.
Les deux roues arrières sont orientables et reliées par une barre de direction centrale. La rotation des roues peut être bloquée très aisément mécaniquement lors de la récolte sur le rang.
L’outil est conçu de manière à permettre une variabilité de hauteur de coupe de 5 à 50 cm du sol.
Puisque le châssis a été choisi fixe par rapport au sol, c’est l’ensemble de coupe qui est déplacé pour permettre le réglage de la hauteur de coupe. Cela permet de limiter le poids des éléments à soulever pour effectuer les réglages.
Ainsi, l’ensemble de coupe + d’évacuation des plantes (un tapis roulant est utilisé pour cela) est placé en appui à l’arrière. Cela permet de créer un centre de rotation, tout en réduisant encore davantage le poids à déplacer : "seuls" l’avant du tapis, le support de lame de coupe et le rabatteur bougent.
Pour réaliser ce réglage aisément, diverses options ont été testées (dont un système à base de poulies). C’est finalement un système à enroulement et à cliquet qui est actuellement utilisé. Le bas du tapis est relié à un câble métallique. Celui-ci s’enroule autour d’une barre qui est entraînée en rotation par une manivelle placée sur le côté de la récolteuse. Un système économique de cliquet auto-construit vient bloquer la barre en position et permettre de monter l’ensemble cran par cran.
Ce système donne pleine satisfaction au Prieuré de Marcevol. Il est rapide à utiliser, ergonomique et suffisamment précis pour leur utilisation.
Cela permet aussi de remonter la lame de coupe pour chaque déplacement de la récolteuse hors récolte (par exemple pour les manœuvres en bout de rang) avant de la baisser facilement pour le nouveau rang. Cela est surtout intéressant pour des coupes basses sur des terrains accidentés.
L’avance de la machine est motorisée électriquement.
La motorisation en test actuellement est la suivante : 1 moteur (avec réducteur) à courant continu de 350W par roue. Chaque roue est actuellement entraînée par des chaines via deux étages de réduction supplémentaire permettant une avance très lente de la machine pour la récolte.
Le choix de la vitesse d’entraînement de la machine se fait via un potentiomètre. Elle est actuellement prévue pour aller à 0,4 m/s (environ 1.5 km/h) et moins.
Il apparait nécessaire de prévoir une vitesse de déplacement plus rapide plus les déplacements.
Cette solution de motorisation est amenée à évoluer.
Les déflecteurs sont les pièces qui permettent de relever les plantes et les guider vers la lame de coupe.
Ils sont toujours en développement et en test.
Plus d’infos sur les derniers essais sur l’article qui présente les derniers essais de la récolteuse.
Le rabatteur est une pièce centrale pour garantir une coupe efficace et l’évacuation des plantes coupées.
Sa position doit pouvoir être ajustée en hauteur et en avance par rapport à la lame de coupe pour s’adapter aux différentes densités et hauteur des plantes coupées.
Après avoir essayé de le motoriser via le même moteur que pour le tapis roulant, cette solution a été abandonnée : le rabatteur ne tourne pas à la même vitesse que le tapis (vitesse de rotation 10 fois moins importante), son sens de rotation est inversé et sa position par rapport à l’axe moteur du tapis change étant donné que sa position doit être adaptée selon les plantes coupées. Ainsi, le rabatteur possède dorénavant donc propre moteur et motoréducteur : l’entrainement du rabatteur est donc direct. Cela permet une simplification de la mécanique.
La vitesse de rotation du rabatteur soit être proportionnelle et légèrement plus rapide que la vitesse d’avance. La vitesse de rotation est réglable par un variateur.
Le choix de cette lame est déterminant pour des questions de qualité de coupe, de polyvalence sur des plantes de natures différentes (plus ou moins ligneuses), de durabilité du matériel.
Actuellement, la solution issue de la R&D participative est d’installer un taille-haie du commerce comme ce qui a été fait par le Prieuré de Marcevol et le CRIEPPAM sur leurs prototypes respectifs.
Il est envisagé de concevoir une version avec une lame de coupe motorisée électriquement. Cela sera proposé comme une option.
Pour les essais actuels, le taille-haie utilisé précédemment à Marcevol a été réutilisée : un taille-haie de marque Dolmar à moteur thermique.
Il est possible d’imaginer, comme sur le prototype du CRIEPPAM, d’utiliser un taille-haie électrique et d’en déporter la commande sur la barre de direction (attention toutefois à vérifier les longueurs de câbles ou à prévoir de les rallonger).
Attention : Le choix du taille-haie sera peut-être contraint par ce que vous avez déjà sur place. Mais dans le cas de l’utilisation avec un taille-haie, il faut faire attention à faire des petites séquences de travail avec des pauses régulières pour éviter que le machine ne chauffe trop et ne soit détériorée. A noter que les machines thermiques sont un peu moins soumises à ce risque (mais y sont tout de même soumises) et sont plus puissantes que les machines électriques.
Le tapis roulant permet d’évacuer la récolte. Le tapis roulant est motorisé par l’arrière. Le tapis roulant sélectionné est adapté aux contacts alimentaires.
La récolte peut être récupérées dans un sac de récolte (en vrac) ou dans des cagettes (option encore non conçue mais envisagée).
Ces modules, au choix selon la commercialisation (seul le porte-sac a été adapté au Prieuré de Marcevol selon les dimensions de leur matériel), peuvent être fait de manière à être réglable en hauteur pour permettre à tous et à toutes de travailler dans des bonnes postures.
Pistes d’améliorations
Continuer les essais sur les déflecteurs
- Développer un module de lame de coupe motorisée
Modifier la motorisation et permettre une vitesse d’avance pour le transport en plus de celle de la récolte et un débrayage aisé
Continuer de faire évoluer la machine suite aux retours d’utilisation
L’ensemble de cet article, des explications, des photos et des plans livrés sont accessibles à tous. Ils sont diffusables et modifiables à condition que vous mentionniez la paternité de l’œuvre (L’Atelier Paysan), et que vous apposiez sur tout document reprenant ces éléments la même licence utilisée par nos soins, à savoir la Creative Commons BY NC SA.