Journée des luttes paysannes : internationalisme et lutte contre l’impunité en France
Le 17 avril 1996, 19 paysan·nes du Mouvement des sans-terre (MST) étaient assassiné·es au Brésil par des tueurs à gage. Ce massacre, dont la Journée internationale des luttes paysannes commémore la date, marqua les esprits par son ampleur. Mais les paysan·nes continuent trop souvent de tomber sous les balles, notamment au Brésil ou dans les pays voisins de cette région de monoculture que les géants de l’agro-industrie ont cyniquement surnommée « la République du Soja », comme le rappelle le documentaire « De la guerre froide à la guerre verte » actuellement au cinéma.

Les solidarités internationalistes amènent régulièrement à assurer les mouvements paysans en lutte de notre soutien tout en pensant, sans tout-à-fait se l’avouer, que cela serait impensable dans une démocratie – même très imparfaite – comme la France. Mais il y a un mois jour pour jour, un paysan est mort assassiné de deux balles dans le dos sur sa ferme. Pierre Alessandri, militant et secrétaire général de la Via Campagnola, syndicat corse membre de la Confédération paysanne, s’était opposé à des pratiques mafieuses, notamment la fraude aux aides PAC sur l’île. Après un incendie criminel sur sa ferme en 2019, déjà, le procureur avait privilégié « une réaction violente liée [à ses] positions syndicales ». Pierre Alessandri n’avait pas renoncé pour autant à ses combats et la liste menée par la Via Campagnola et ses alliés venait de remporter la chambre d’agriculture.
Comme le rappelle la Confédération paysanne dans son édito de Campagnes Solidaires, « le meurtre d’un syndicaliste sur le territoire français est un événement dramatique dont nous devons tous et toutes mesurer l’ampleur ». Avec les proches de ce militant et les associations et syndicats scandalisés du relatif silence politique et médiatique à ce sujet, nous serons attentifs à ce que tout soit fait pour élucider cet assassinat dont tout indique qu’il est politique.