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L’agroécologie comme levier de redressement des exploitations fragilisées

L’étude menée pendant cinq ans par Solidarité paysans a été présentée lors d’un séminaire en ligne. Elle montre la pertinence de l’action de l’association et ses partenaires et propose une synthèse des trajectoires des agriculteurs et des freins et leviers à un accompagnement adapté à chacun et chacune.

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Solidarité paysans a présenté le 7 décembre dernier lors d’un colloque de restitution une étude menée pendant cinq ans sur l’accompagnement d’une quarantaine de paysans intitulée L’agroécologie, un levier de redressement des exploitations fragilisées ?. Elle montre notamment qu’au-delà de l’accompagnement, des outils des procédures collectives et de l’ouverture de droits sociaux, des évolutions dans la conduite des exploitations sont parfois nécessaires pour redresser la barre et confirme la pertinence de l’action de l’association pour accompagner les agriculteurs vers uns sortie de crise, bien souvent en maintenant l’emploi et l’exploitation.
« Une des voies pour l’agriculteur est d’interroger son modèle de production, et d’envisager des changements de pratiques visant une réduction des charges ou une augmentation de la valeur ajoutée. L’échange entre pairs agriculteurs, avec le bénévole accompagnateur ou au sein d’un collectif, soutient cette démarche », précise l’association.

40 monographies
Les 40 monographies publiées, qui sont au cœur de cette étude, présentent les agriculteurs et leur ferme, les changements opérés sur le plan technique, l’évolution de la situation économique de l’exploitation, les partenaires du changement... « Elles donnent à voir des parcours uniques et particuliers, qui s’inscrivent tous dans un contexte local et familial, un accompagnement et des cheminements humains », rappelle Solidarité paysans.

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Plusieurs enseignements généraux ont toutefois été mis en avant. « Les expériences de groupes au sein de Solidarité Paysans et les témoignages des agriculteurs y participant, montrent combien le travail en collectif peut enrichir les cheminements individuels » indique le rapport. Elles permettent de sortir de la ferme et passer un bon moment, de porter un autre regard sur ses difficultés, de faire évoluer ses pratiques, chacun à son rythme en confrontant ses propres pratiques à celles des collègues mais aussi d’aller plus loin lorsque le groupe fonctionne dans la durée.

L’intérêt des dynamiques collectives
Différents facteurs de réussite de l’accompagnement et de la dynamique de ce groupes sont également cités : le fait de bien préparer en amont les échanges avec l’agriculteur qui reçoit lors d’une visite de ferme ou l’importance de l’écoute pour animer les échanges ; le choix d’un thème mobilisateur pour une rencontre et d’un point d’accroche concret pour les agriculteurs comme des questions techniques ; le rôle essentiel des bénévoles pour identifier et mobiliser les participants et garantir un cadre de confiance...

Solidarité paysans porte aussi une attention particulière aux freins à la participation des agriculteurs comme le temps de déplacement pour aller à une réunion, la distance, la charge de travail sur la ferme… « Surtout, accepter de participer à une rencontre collective n’est pas neutre : il s’agit implicitement de reconnaître ses difficultés devant "d’autres" et de quitter la confidentialité de l’accompagnement individuel », ajoute le rapport.

Problème d’accès à la formation
L’association a également proposé une synthèse des leviers de redressement utilisés par les agriculteurs qui peuvent correspondent à trois stratégies de changements mais aussi à trois échelles d’actions différentes : réduire les charges et désintensifier les pratiques ; rééquilibrer et restructurer le système de production et reprendre la main sur la filière de production/augmenter la valeur ajoutée.

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Une dernière partie de l’étude questionne enfin les trajectoires et précise le contexte et les leviers et freins de ces changements de pratiques : comment les procédures collectives ou négociations amiables pour geler les dettes facilitent la prise de recul et ouvrent des horizons ; comment l’appui des bénévoles et des groupes d’échanges ou de l’entourage peut-être décisif, le manque de soutien de la profession agricole, le système de contractualisation et la logique de filière qui réduisent les marges de manœuvre des agriculteurs ou le problème de l’accès à la formation professionnelle : engagé dans un plan de redressement, ont des difficultés à financer des formations car ils sont considérés comme n’étant pas à jour de leurs cotisations MSA.

L’étude complète est disponible en PDF sur le site de Solidarité paysans : https://solidaritepaysans.org/images/imagesCK/files/zoom_sur/agroecologie/Agroecologie_levier_de_redressement_etude_complete_2020_SP.pdf