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La Terre est notre métier : des webinaires sur le genre en agriculture à revoir !

L’édition 2020 du salon a été proposée en version digitale en novembre et décembre. Le genre en agriculture occupait une place centrale avec quatre conférences : le congé maternité des paysannes, leur engagement dans les organisations agricoles, la difficile reconnaissance de leur travail et leur potentiel d’innovation pour aménager et organiser leur travail et pour plus de parité sur les exploitations. Des contenus à revoir en replay dès maintenant en ligne !

Vendredi 3 décembre : c’est l’heure du dernier webinaire de La Terre Est Notre Métier consacré aux questions de genre en Agriculture. Trois conférences en ligne ont déjà eu lieu les semaines précédentes : une consacrée à l’histoire du congé maternité des femmes paysannes, une autre dédiée à l’engagement des agricultrices dans les organisations agricoles bio et une dernière enfin sur la reconnaissance – encore difficile – de leur travail sur la ferme.

Ne pas se sentir « à sa place »
Lors de la conférence sur l’engagement des femmes paysannes dans des organisations agricoles, Clémentine Comer, chercheuse ayant réalisé une thèse sur le sujet, a partagé des éléments d’analyse pouvant expliquer la moindre représentation des femmes, notamment à l’échelon régional et national. Les facteurs sont, d’une part, à aller chercher au niveau de la société en général : du fait d’une répartition inégale des tâches domestiques, les femmes ont moins de temps que les hommes pour prendre des mandats et responsabilités dans des organisations. S’engager consiste alors à alourdir une charge mentale déjà importante.
Dans une récente étude de la Fnab sur les femmes agricultrices en bio, 65% des femmes interrogées déclaraient ainsi assumer seules les tâches ménagères. Des raisons spécifiques au milieu agricole sont également mises en avant par la chercheuse : les processus informels de cooptation qui règnent dans ces organisations excluent encore trop souvent les femmes et ne les font pas se sentir « à leur place », ceci pouvant dissuader des envies d’engagement.
Pour Françoise Lieber, du Ministère chargé de l’égalité entre les femmes et les hommes, l’imposition d’un tiers de femmes sur les listes des élections aux chambres d’agriculture est un premier pas mais qui demande à être poursuivi. Trop peu de femmes accèdent encore aux fonctions de présidence des chambres où elle n’ont, par ailleurs, pas forcément vraiment de poids politique. Pour Stéphanie Pageot, éleveuse dans le 44 et ex-présidente de la Fnab, c’est malheureusement par l’obligation et l’imposition de règles et quotas que l’on pourra faire bouger les lignes sur la représentation des femmes dans les organisations agricoles.

Du matériel calibré un homme de de 1,75 mètre et 75 kilogrammes
Une autre conférence consacrée à l’innovation des paysannes a permis de mettre en avant les témoignages d’agricultrices ayant répondu à l’appel en ligne « On peut le faire ! ». Cet appel cherchait à connaître les solutions techniques et organisationnelles déployées par ces femmes pour se faciliter la vie et renforcer la parité sur leur ferme.
Sur le plan technique, on retiendra des aménagements et réflexions portant sur l’ergonomie : avoir des équipements et outils à sa taille (utilisation de bâches de culture plus petites par exemple) mais surtout s’organiser pour porter le moins possible : benne de récolte adaptée aux palettes, système de potence, planches à roulettes ou encore chariots télescopiques. Une agricultrice témoigne également de l’installation avec l’Atelier paysan de triangles d’attelage sur son tracteur et ses outils pour atteler et désatteler en manipulant moins des outils bien souvent très lourds et pour réduire le risque d’accident.
Le témoignage de Valérie Lazenec, paysanne installée en Bio dans le Finistère en vaches laitières avec transformation a permis de revenir plus en détails sur l’inadaptation du matériel existant pour un grand nombre de femmes : « le matériel actuel est calibré pour des hommes de 1,75 mètre et 75 kilogrammes. Pas du tout mon gabarit ! Dans mon activité de transformation et de livraison, rien n’est adapté : je porte des choses trop lourdes, le quai de chargement et le haillon du camion pour la livraison sont trop hauts ». Souffrant de problèmes articulaires en partie provoqués par ces inadéquations de matériel et par le caractère répétitif des gestes de travail, Valérie a contacté la Mutualité sociale agricole (MSA) pour réaliser un diagnostic et trouver des équipements appropriés. Une démarche de long terme et pas toujours évidente : «  le service vers lequel où m’a orientée à la MSA est celui du social : je trouve cela stigmatisant  ».

J’ai simplement installé des toilettes !
Concernant l’organisation du travail, la mise par écrit des tâches et procédures a favorisé l’alternance des tâches entre Marie (22) et son collègue homme sur la ferme. Anne (35) est de son côté très vigilante à faire essayer toutes les tâches de la ferme aux stagiaires, quel que soit leur genre. Léna (35), quant à elle, partage un aménagement simple et qui change la vie des femmes à la ferme. « J’ai simplement installé des toilettes - même sèches - sur ma ferme. Les stagiaires, salariées, techniciennes de passage me remercient  », explique Léna.
La participation à des espaces en non-mixité, entre agricultrices, est enfin jugée utile par Valérie pour se poser des questions et se former dans un cadre bienveillant. Des dispositifs que souhaite encourager le Ministère chargé de l’égalité entre les femmes et les hommes. Une piste qui sera creusée en janvier avec des formations au travail du métal entre femmes paysannes dans le cadre de la MCDRD Usage-R-E-s.
L’ensemble des webinaires sur le genre et l’agriculture sont à retrouver en replay en ligne sur le site internet du salon La Terre est notre métier : www.salonbio.fr/webconferences-les-replays.