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Aux 10 ans de l’aventure de l’Atelier paysan, découvertes et échanges autour de l’auto-construction

De nombreuses personnes, curieuses ou passionnées, sont venues découvrir les réalisations présentées par leurs concepteurs/usagers : brosse à blé, trieuse à graine, décortiqueuse à épeautre, porte-outils à pédale avec assistance électrique, outils de travail du sol adaptés à la traction animale...

Brosse - 10 ans AP


Le 25 mai dernier, la ferme des Volonteux à Beaumont-les-Valence (26), accueillait envirion 150 personnes, paysan•ne•s, acteurs du monde agricole et rural mais aussi étudiants, chercheurs ou curieux, venus fêter les 10 ans de l’aventure de l’Atelier Paysan. Au programme, notamment, plusieurs ateliers de démonstration, de découverte et d’échange autour d’outils et machines agricoles auto-construites : brosse à blé, trieuse à graine, décortiqueuse à épeautre, porte-outils à pédale avec assistance électrique (Aggrozouk), outils de travail du sol adaptés à la traction animale (Néo-bucher, Pop 4, Néo planet), logiciel de gestion de cultures en maraichage, lit de désherbage automoteur (Chtit-bine)…

Colonne à air pour trier les semences
Un producteur de semences pour l’agriculture biologique est venu de Bourgogne-Franche-Comté pour présenter la dernière version de sa colonne à air, un outil qui permet de séparer les bonnes graines de celles qui n’ont pas germé et des déchets. La machine, neuve, coûte cinq fois plus cher que le matériel nécessaire en auto-construction, environ 2500 euros. « Une des différences, c’est que pour régler le débit, le vibreur est beaucoup plus simple que dans les modèles du commerce et donc moins couteux. On ne règle pas la vitesse mais l’orientation du plateau pour faire descendre les graines » explique-t-il.

Un porte outil adapté à la traction animale
Plus loin, près des serres, des étudiantes et paysans se renseignent sur le « POP 4 », porte-outils polyvalent à quatre roues, prévu pour être tracté par deux chevaux. La démarche qui mène à la conception puis à l’auto-construction d’outils pour le travail agricole n’est pas que financière, elle répond aussi à des besoins parfois nouveaux sur les fermes. C’est le cas du POP 4 conçu pour remplacer les tracteurs pour le travail du sol et l’entretien des cultures, sur des exploitations de petite surface et qui permet de limiter les investissements et les dépendances et impacts liés à la consommation de carburant. « On a un vrai confort de travail avec cet outil, en fin d’après-midi on peut passer quelques heures au calme avec les chevaux sans bruit du moteur. Je peux aussi m’en servir sur des planches en devers » rapporte un de ses utilisateurs/concepteurs.

Le POP 4 a été conçu en partant des besoins d’un groupe de maraichers, dont certains avaient décidé de changer de mode de culture en passant à des planches permanentes pour lesquelles ils ne disposaient pas d’outils adaptés. Ils ont été accompagnés par l’Atelier Paysan dans une démarche de recherche et développement participative pendant plusieurs mois pour préciser les besoins, concevoir, réaliser des mises en plan, puis construire et améliorer cet outil.

Démonstration de l’Aggrozouk
Le test de l’Aggrozouk attire aussi du monde. Ce porte-outils à pédales léger – ce n’est pas un « tracteur électrique » mais il dispose d’une assistance électrique - permet d’atteler des outils agricoles légers en position ventrale : herse, disques butteurs, étoiles de binage. Le pédalage et la direction ne sont pas trop difficiles, les questions portent plutôt sur l’ergonomie, le temps passé pour la construction, la possibilité de rajouter des batteries ou de travailler sur des terrains en devers….


Aggrozouk - 10 ans AP


Un projet d’abattoir mobile
Enfin, dans le hangar de la ferme, une vingtaine de personnes étaient réunies pour la présentation d’un projet d’abattoir mobile pour petits ruminants dans lequel l’Atelier Paysan est associé. Cet outil, un camion semi-remorque qui sera livré en partie équipé mais sur lequel des aménagements seront réalisés en auto-construction, est pensé depuis plusieurs mois avec un groupe d’éleveurs accompagnés par un ancien directeur d’abattoir. Il doit répondre à la fois aux besoins des usagers et aux normes très strictes encadrant cette activité.


Abattage collectif - 10 ans AP


« La loi Egalim a autorisé une expérimentation de quatre ans pour les abattoirs mobiles et le Confédération paysanne travaille avec le ministère sur les règles encadrant ces expérimentations. Il y a par exemple la séparation strictes des trois zones : propre, sale et ressuage ; ou la présence d’un technicien vétérinaire pendant tout la durée des opérations », précise Arthur Dietrich, formateur et référent bâti agricole à l’Atelier Paysan. L’outil est budgété à environ 200 000 euros pour l’achat et l’aménagement du camion semi-remorque ainsi que des sites de regroupement sur lesquels se déplacera l’abattoir : deux Cuma et un centre de formation agricole.

D’autres machines et outils, dont les prix varient entre 700 et 4000 euros, ont été présentés lors de cette journée. Ils visaient également à permettre aux paysans de se réapproprier certaines parties de leur activité dans une démarche de recherche d’autonomie. Un de sujets justement évoqué par Matthieu Amiech, co-auteur avec le groupe Marcuse de La liberté dans le Coma - un ouvrage critique sur les conséquences de l’informatisation du monde - qui donnait une conférence en fin d’après-midi et appelait à se réapproprier nos moyens de subsistance et à lutter contre la perte de sens dans nos métiers.