Accueil > Actualités > [TAILLE DE CHARPENTE À LA TRONÇONNEUSE] Récit de la deuxième aventure !

[TAILLE DE CHARPENTE À LA TRONÇONNEUSE] Récit de la deuxième aventure !

mardi 13 février 2018
[TAILLE DE CHARPENTE À LA TRONÇONNEUSE] Récit de la deuxième aventure !

Il y a un an maintenant, un premier cycle de formation avait eu lieu afin de transmettre aux paysans et paysannes les techniques de conception et de réalisation de bâtiment agricole. Un cycle de formation en trois temps ratissait largement les notions de base de la construction, avec en point d’orgue : la construction d’une charpente taillée à la tronçonneuse.

L’efficacité, la pertinence écologique et la facilité d’appropriation de cette technique nous a amené à proposer d’autres cycles de formation pour propager cette méthode particulièrement adaptée au monde agricole.

Pourquoi ? La première raison est évidemment économique.
Lorsqu’on considère qu’un bâtiment agricole en kit coûte environ 130€ du m² (sans le montage de la structure) et que l’autoconstruction d’un tel bâtiment fait de grume de bois revient environ à 80€ du m², la différence est énorme compte tenues des surfaces à bâtir sur une ferme.
De plus, la taille de charpente à la tronçonneuse demande très peu de matériel : une tronçonneuse, une meuleuse et une bonne perceuse feront l’affaire. La vitesse d’exécution de ce genre de construction est aussi considérable puisque la tronçonneuse a une rapidité de coupe incomparable et, contrairement aux préjugés, elle peut être un outil de précision très fin. De cette manière, en une dizaine de jours, 4 ou 5 personnes relativement expérimentées peuvent réaliser un bâtiment de 200 à 300m², couvert. Mise à part l’avantage du prix et du temps, il est important de noter la pertinence écologique de ce genre de construction. L’approvisionnement des bois est inévitablement le plus local possible, car le budget transport est une part importante du prix du bois. De fait, ce bois local n’est absolument façonné en amont, ce qui enlève l’empreinte écologique de l’étape de sciage, c’est-à-dire un transport supplémentaire, des chutes et l’énergie dépensée à l’équarrissage.

1ère session : Taille de charpente

Tous ces avantages nous ont donc amené à reproduire cette aventure de transmission de la technique d’autoconstruction à la tronçonneuse. Ce qui nous amène en octobre dernier, sur la ferme de Tostaky, en Isère. Là-bas, les paysans avaient déjà anticipé la construction d’un bâtiment en grume de bois. Le matériel était donc réuni pour accueillir une formation / chantier. La charpente en question était constituée de fermes d’une protée de 10m, espacées de 5m, le tout recouvrant une surface de 260m² dont un angle en noue. Là était la particularité technique de la construction.

Le jour J, une dizaine de participants se sont réunis sur la ferme pour se lancer dans une semaine de chantier / formation. Le tour de table fût hétérogène : maraîcher, pêcheur, éleveur et paysan et paysanne en parcours d’installation. Le temps était au rendez-vous et, à la suite d’un petit tour de sécurité et d’affûtage des tronçonneuses, nous avons procédé ensemble au traçage d’une épure pour les premiers portiques. Le lendemain, les tronçonneuses ont démarré à l’unisson et les découpes des poteaux, arbalétriers, jambe de force, poinçon et assemblages ont transformé rapidement la dalle de béton en un tapis de copeaux.

Au terme de la semaine, toutes les fermes ont été taillées sur trois épures différentes, ainsi stockées sur un coin du site, dans l’attente d’être édifiées. Les participants et participantes sont repartis le vendredi soir avec la satisfaction d’avoir pris confiance en soi, avec les compétences suscitant l’envie de faire, et avec la joie d’avoir contribué à cette œuvre collective.

2nde session : Levage de charpente

Quelques semaines après, nous nous sommes réunis de nouveau sur 3 jours cette fois ci afin de lever toutes les fermes préalablement fabriquées. La difficulté s’est accrue : la maitrise de la tronçonneuse était indispensable pour tailler les assemblages laissés en suspens, pour faire les niveaux, assurer l’alignement des portiques et surtout, pour manipuler les portiques eux-mêmes avec les moyens de levage que nous avions sur place… A la fin de la semaine, la charpente était enfin montée et la panne faitière clouée pour sécuriser la suite du chantier.

Session complémentaire : Abattage et Débardage

En parallèle, et pour compléter les étapes de la construction autonome de ce genre de structure, une formation Abattage et débardagea été montée en début d’année. Même si la logique chronologique laisse à désirer, cette formation a offert au participant les capacités de faire leur propre approvisionnement en grume. La formation a eu lieu à Miscon, dans la drome, sur deux jours. Et en plus des notions de gestion forestière, d’essence d’arbre, de taille et d’élagage, nous avons pu nous plonger dans le métier de bûcheron forestier afin d’apprendre les bases de l’abattage et du débardage. Les participants à cette formation ont donc acquis les compétences pour pouvoir sélectionner, abattre et sortir les bois de la forêt dans le but de la construction en grume de bois. La boucle est bouclée : ce cycle de formation complet a pu lancer des paysans et paysannes vers l’autonomie de la construction agricole.

À Suivre...
  • Un ouvrage de synthèse thématique portant sur les Techniques de l’autoconstruction à la tronçonneuse est actuellement en cours d’élaboration. Au programme : notions de conception, de règlementation, exemples de réalisations, notions générales sur le bois (essences, abattage, transport), techniques de coupes, d’assemblage, de levage... Plus d’infos dans les semaines à venir !
  • Pour entrer très bientôt dans le vif du sujet : la reconstruction de la ferme Tournesol (en Isère) est l’occasion de proposer un nouveau cycle de formations autour des techniques d’autoconstruction de charpente à la tronçonneuse (ainsi que d’autres techniques d’autoconstructions). Formations à venir dès le printemps 2018, plus d’infos très bientôt !

 

Pour aller + loin

Consulter les chroniques du forum autour des bâtiments en grumes de bois :