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[ NOUVELLE PUBLICATION ] Observations sur les technologies agricoles

vendredi 27 août 2021
[ NOUVELLE PUBLICATION ] Observations sur les technologies agricoles

Dans le prolongement de sa stratégie de transformation sociale, l’Atelier Paysan publie un deuxième livre, enrichissant et complétant les réflexions politiques développées dans l’essai " Reprendre la terre aux machines " (Le Seuil, mai 2021). Voici le premier rapport d’ « Observations sur les technologies agricoles », préparé depuis un an avec un groupe de sociétaires, rassemblées au sein d’un Observatoire, nouvelle instance de notre coopérative

Si nous avons adopté la forme du rapport, il ne s’agit pourtant pas d’une évaluation des politiques concernant les technologies agricoles, ni de démontrer à l’État l’intérêt de nous subventionner. C’est un processus d’enquête collective pour mettre en lumière la trajectoire empruntée par la modernisation agricole, d’exposer les ravages humains, sociaux et écologiques qu’elle a engendrés. Ce rapport est constitué de trois articles explorant chacun des dimensions complémentaires du sujet :

Le premier développe le constat, en trois parties, de « l’inexorable disparition des paysans et la transformation de ceux qui restent ». Analysant la « saignée continue » au sein de la population paysanne, ainsi que celle de la main d’œuvre salariée depuis le XIXe siècle, la première partie documente l’évolution du travail humain, en compilant des données chiffrées, y compris dans ses derniers développements – l’externalisation croissante du travail depuis les fermes, par exemple, en recourant aux CUMA mais aussi, de plus en plus, aux entrepreneurs de travaux agricoles (ETA).

La deuxième partie de cet article montre la condition sine qua non de cette saignée : le déploiement d’une armée de machines. Les données obtenues durant cette première année de travail ne permettent pas de tenir compte du développement croissant des automotrices ni de chiffrer l’évolution durant la dernière quinzaine d’années, mais permet de cerner la dynamique qui a été à l’œuvre depuis l’après-guerre. Le rapport montre que, rien qu’en tracteurs, c’est l’équivalent de la puissance nominale de 70 centrales nucléaires qui a été déployée dans les champs entre les années 1940 et 2000.

La troisième partie explore l’aberration collective que représente cette évolution. Le rapport fait le point sur les données disponibles pour quantifier et chiffrer la dépendance incroyable aux énergies fossiles (uranium compris) qu’a impliquée le développement des technologies agricoles et du modèle agro-industriel dont elles sont une condition d’existence. Cette agriculture de flux, de matières premières et d’énergie, et le système alimentaire qui s’est aujourd’hui largement imposé, apparaissent ainsi dans toute leur dimension de gabegie énergétique. Pour une activité, la production alimentaire, qui initialement repose sur la transformation de l’énergie solaire, inépuisable à notre échelle. Dans ces conditions d’extrême dépendance énergétique, reprendre l’idée de souveraineté alimentaire comme le font les promoteurs du complexe agro-industriel, jusqu’au président de la République, est pour le moins fallacieux.

Effondrement de la balance énergétique
L’histoire de la moto-mécanisation agricole est aussi celle de l’effondrement de la balance énergétique de notre agriculture (pages 42 et 43 du rapport)

 

Le rapport montre, sur la base des informations agrégées depuis 1988 par le Réseau d’information comptable agricole (RICA), que l’aberration est aussi économique pour les paysans. Nous y mettons en lumière un véritable cul-de-sac, puisqu’en dépit des promesses d’économies d’échelles qui accompagnent l’injonction à toujours s’agrandir en avalant les fermes voisines, les coûts liés à la machine, aux bâtiments et aux intrants qui accompagnent le déploiement de technologies agricoles croissent bien plus vite que le revenu par paysan. Pire, ces coûts, rapportés à l’unité de surface, augmentent : cela signifie que plus les fermes se sont étendues en taille, plus le revenu généré par économie d’échelle a enrichi les industries de l’amont (agrofourniture, machinisme, etc.) et de l’aval, au détriment des paysans.

Evolution des coûts liés à la machine
Les données du Réseau d’information comptable agricole (RICA) permettent d’analyser finement l’évolution des coûts liés à la machine et de constater par exemple qu’ils ont bien plus augmenté que les coûts liés à l’emploi de salariés ou aux charges financières. (pages 48 et 49 du rapport)

 

Les deux autres articles du rapport sont davantage des récits de deux dynamiques qui expliquent les origines de cette disparition des paysans : les politiques dites « publiques » et le secteur industriel de la machine agricole. Le premier montre ainsi ce qu’ont été, depuis plus de 70 ans, les politiques agricoles en matière de machinisme, depuis le premier plan quinquennal (au sortir de la Seconde guerre mondiale) jusqu’au « plan de relance » annoncé en 2020 par Emmanuel Macron : la disparition des paysans n’est pas un dommage collatéral involontaire mais un but recherché, hier par les politiques de restructuration, aujourd’hui par la robotisation. Que l’objectif soit désormais moins ouvertement assumé ne le rend pas moins glaçant.

Industrie du machinisme agricole
Les illustrations du rapport ne contiennent pas que des graphiques : des photographies actuelles ou anciennes donnent aussi à voir et à comprendre l’imaginaire machinique qui accompagne l’industrialisation de notre agriculture (ici, les pages 72 et 73 du rapport)

 

Dans le dernier article, le regard se porte sur l’industrie des producteurs de machines, pour en comprendre la concentration, la puissance en termes de lobbying… et la « nouvelle frontière » qu’elle franchit aujourd’hui, au travers de l’agriculture 4.0. Du drone au tracteur autonome en passant par le robot de désherbage et le faucheur-distributeur d’herbe fraiche pour des vaches élevées hors sol, le tour d’horizon est effrayant. Nous le complétons évidemment par un coup de projecteur sur les dramatiques angles morts de ce nouveau développement : en termes de gestion des données ou d’impact écologique du tout numérique, notamment.

Agriculture « 4.0 »
Les développements actuels de l’agriculture « 4.0 », que ne cessent de vanter les industriels et leurs relais au sein des pouvoirs publics et de la profession agricole, sont ainsi replacés dans une perspective historique et analysés dans leurs différents angle-morts (ici, les pages 86 et 87 du rapport)

 

Au fil de ce rapport, des « focus » ouvrent une des fenêtres de réflexion sur des sujets incontournables que nous ne prétendons pas explorer en détails cette fois : le bâti d’élevage, les robots de traite, le déploiement de la 5G au nom du progrès agricole, le rôle de la presse agricole ou de l’enseignement supérieur et de la recherche…

Focus
Sur 2-3 pages, les focus donnent de premiers éléments de réflexion sur des thèmes spécifiques (ici, les pages 91 et 100)

 

Enfin, le rapport présente, pour situer l’Atelier Paysan, un index de l’ensemble des machines développées et de ses publications depuis le premier guide de l’autoconstruction il y a dix ans : une plongée dans une décennie d’activités de la coopérative, dans des réalisations et publications techniques et politiques qui donnent à voir le chemin ainsi parcouru et le socle sur lequel nous entendons appuyer cette double publication de 2021, les ouvrages complémentaires que sont Reprendre la terre aux machines et nos premières Observations sur les technologies agricoles.

 

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L’ouvrage est en vente en ligne sur le site de la librairie Quilombo au tarif de 20€.

 

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À l’occasion du Salon de l’agriculture 2023, l’Atelier Paysan a mis en ligne le fichier du rapport, en parallèle de la publication dans Libération d’une tribune à retrouver ici