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Des paysannes et des paysans, pas des robots et des algorithmes

lundi 7 mars 2022
Des paysannes et des paysans, pas des robots et des algorithmes

Deux milliards d’euros : c’est ce que le gouvernement prévoit qu’il faut investir dans les huit prochaines années « pour des investissements dans des innovations de rupture destinées à garantir une alimentation saine, durable et traçable », dans le cadre du plan d’investissement « France 2030 » présenté par Emmanuel Macron le 12 octobre dernier.

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Il s’agit de son objectif 6 : « accélérer la révolution agricole et agroalimentaire  ». « Nous devons investir dans trois révolutions qui vont en quelque sorte être la suite de la révolution mécanique et de la révolution chimique en agriculture : le numérique, la robotique et la génétique. Ce sont les trois transformations essentielles », a expliqué le président de la République dans son allocution à la mise en scène d’un meeting de campagne.

Ces annonces n’ont hélas rien de révolutionnaire : elles s’inscrivent dans la continuité historique des multiples plans de « modernisation » agricole qui ont détruit le travail paysan et industrialisé notre agriculture et notre alimentation depuis soixante-quinze ans. Elles font d’ailleurs immédiatement suite au volet agricole du « plan de relance » annoncé en 2020, au titre duquel 1,2 milliard d’euros ont été consacrés au volet agricole (aides à l’investissement, « accélérateur de startup » et « accélérateur agroéquipement et biocontrôle », etc.). Mais ce plan « France 2030 » marque indubitablement une nouvelle étape dans cette entreprise méthodique d’industrialisation et de financiarisation de notre alimentation, au titre d’une prétendue « souveraineté alimentaire » qui revient à sponsoriser des acteurs industriels tricolores.

Dans le cadre de la campagne d’actions « Bye Bye Bayer-Monsanto » initiée par Les Soulèvements de la Terre, dont l’Atelier Paysan a signé l’appel fondateur l’an dernier, la Confédération Paysanne de la Drôme a organisé le 9 février l’occupation par plus de 80 personnes des locaux de la Direction Départementale des Territoires (DDT), bras administratif du ministère de l’Agriculture chargé d’instruire les dossiers de subventions dans le cadre de cette politique de soutien aux start-up et à l’industrie. Il s’agissait d’alerter sur le danger que représente ce nouveau plan, comme l’explique le communiqué de presse diffusé suite à l’action : « Ce projet sera dévastateur et signera la mise à mort de l’agroécologie paysanne. La mise en place de cette "troisième révolution agricole" nous fera perdre ce qui nous reste encore d’autonomie de pensée et de décision dans notre travail en nous rendant complètement dépendants. Dépendants d’un système dans lequel le peu d’agricultrices et d’agriculteurs qui resteront ne seront plus que des exécutants-e-s au service des logiciels et des data-centers ; dépendants financièrement pour faire face à ces nouveaux investissements. Ce sera aussi un pas de plus vers cette société de contrôle total qui nous prive toujours davantage de nos libertés. »

Lire également « L’AgriTech : une révolution contre la paysannerie », par Les Soulèvements de la Terre, février 2022,

Ou encore « Mobilisation à Lyon contre l’agriculture numérique et Bayer Monsanto », par Reporterre, mars 2022